Lettre à Inook

INOOK  CHEF DE MEUTE
Le chien c’est la vertu qui, ne pouvant se faire homme,  s’est faite bête.

Victor Hugo


Quel enfant n’a pas imaginé un jour avoir un compagnon virtuel afin de lui raconter tous ses secrets ?

Ce petit animal, chien, chat ou autres.. à qui on parle le soir quand on en a gros sur le cœur , ou encore avec qui on partage un tas d’aventures et de voyages imaginaires .
Moi j’avais ce loup des neiges ..
Il m’accompagnait dans tous mes rêves.

Parfois il était plus présent qu’à d’autres moments.. Et si je ne lui parlais plus en grandissant, il restait néanmoins un doux rêve, pour en sortir un jour en réel.

Avril 93 et voilà Inook mon deuxième compagnons après Féline…

Il me faudrait des pages entières pour vous parler d’ Inook ce chien roux aux yeux vairons qui rebondissait sur ses pattes en marchant, telle l’allure d’un cheval fier.
Et les mots ne seraient pas assez nobles et assez profonds pour vous dire la symbiose que nous avions.
Mais je m’efforce de vous offrir une petite carte postale de notre histoire qui est sans doute aussi un bout de la votre.

Quand nous prenons un chien nous savons très bien que sa durée de vie ne sera pas bien grande.
Nous savons aussi que nous devons être responsables afin d’être un bon compagnon pour lui également.

Mais il y a bien une chose que nous ne savons pas au moment précis où nous décidons d’avoir un animal.
C’est le degré de passion que nous aurons pour lui et qu’il aura pour nous !

Nous ne savons pas tout ce que nous partagerons durant ces années cote a cote.
Nous ne savons pas ce qu’il nous apportera afin de nous faire grandir et de nous enrichir par son comportement.
Et nous ne savons pas non plus jusqu’où un simple chien, une simple passion, un simple rêve de gosse ou d’adulte peut nous transporter durant toute une vie.
Ni combien la présence de ce chien si exceptionnel pourrait nous marquer à jamais.

Aujourd’hui pourtant je peux peser tout cela .. Par la lourdeur de mes paupières, par la lourdeur de ma peine, par la lourdeur de mon cœur dû à son absence.

J’ai perdu le chef de ma meute, le papa de tous mes chiens, mon compagnon de route, celui à qui je chuchotais dans l’oreille et vers qui j’aimais me blottir pour réchauffer mon âme.

Inook était un bon chien de traîneau, un bon chef de meute, un superbe compagnon qui aura été digne jusqu’au bout. Pour ceux qui pensent que le chien n’a pas cette prise de conscience, j’aimerais leurs dire que notre meute a senti la maladie d’ Inook bien avant moi..

Le jour où je suis rentrée sans lui et que je me suis assise parmi eux
ils ont ressenti toute ma peine en hurlant pendant 20 mn non-stop !
La nuit qui a suivi sa mort, notre chienne-de-tête qui vivait à son coté a pleuré sans cesse …
et que lorsque j’ai fait ma dernière balade au lever du soleil avec Inook, il me parlait de son regard, de son silence si lourd.. Car il savait comme je le savais, que c’était notre dernière sortie.

Je pense que tous ceux qui ont perdu un chien ressentent par mes mots la peine à cet instant, j’ai eu beau crier en forêt, courir avec les autres de la meute, pleurer en silence, dessiner et écrire ma tristesse, rien n’est assez fort !

Alors c’est un peu de lui que je laisse ici, histoire de figer mon témoignage dans le temps pour lui, et de le partager auprès de vous pour vous dire le chien extraordinaire qu’il était .

Bien évidement ce n’est pas cela qui changera les choses, juste peut-être que la décision d’arrêter une vie surtout d’un être qu’on aime est sans doute la plus dure des tâches.

Il paraît que les animaux ont ce luxe contrairement aux humains qui souffrent.. Cela est sans doute vrai, mais le prix du dernier regard, reste gravé en nous à jamais.

L’absence est la chose la plus lourde qui nous est offerte quand on sait aimer.


Les NATIVES PEOPLE me diraient sans doute ceci :
Inook rejoindra le reste de sa tribu , Féline, Jinka, Mogwai et et le reste de sa tribu à l’heure tour, le rejoindra ainsi que ses cousins Falco, Baladin, Jelissa, Truffe,Yurka et tous les nordiques qu’il a croisé sur sa route .

J’aimerais aussi faire un clin d’œil à tous les mushers qui ont eu un jour dans leurs vies un chien exceptionnel, un chien de tête, un chef de meute ou un bon chien de canapé .

Un clin d’œil également aux gens passionnés qui ont des animaux qui représentent pour eux un essentiel .
A tous ces enfants et à toutes ces personnes âgées qui on besoin d’un chien pour s’accrocher à la vie .

L’animal nous apporte bien plus que nous ne pouvons lui apporter puisqu’il nous suit et nous accompagne depuis le début des temps. On a tous un compagnon extraordinaire , qu’il soit chat, chien , cheval.. réel ou virtuel ..
c’est à nous de le trouver .

Quand a moi, je n’ai pas perdu un loup, j’ai perdu un être vivant extraordinaire!
A TOI MON INOOK CHEF DE MA MEUTE, MON LOUP DES NEIGES
Nanou

Octobre 2003